Nusky & Vaati

  • Musique

Interview

Le 09.02.2016 par Marie

On a rencontré Nusky & Vaati à Rennes, après avoir découvert par hasard qu’ils étaient programmés aux Bars aux Trans, le off des Transmusicales. On se précipite au fond du bar, devant la scène. Ils sont bien là, Raph au micro, Théo avec sa guitare et ses machines. Le rappeur et le producteur. Nusky et Vaati. On les accapare tout de suite après leur live pour caler une interview et leur proposer, direct, de jouer à la prochaine soirée TAFMAG. C’est ce 18 février, pour les 3 ans du magazine.

nusky-et-vaati-tafmag-musique-transmusicales-de-rennes-©Aurore-Lucas

« J’ai commencé le rap de manière approximative », commence Raph. Belle gueule, il fait partie du crew La Race Canine, formé à Montrouge. Ça fait plusieurs points communs avec un certain Nekfeu. Il rencontre Théo sur Internet. Plus discret et plus jeune (moyenne d’âge du duo 20 ans. « La vache, vous êtes tellement plus vieilles que nous ! », avaient-ils lâché aux Trans. Notre nouvelle running joke dans l’équipe), le producteur compose depuis longtemps en solo sur machines et à la guitare.

Durant l’été 2014, Nusky et Vaati sortent leur premier EP, Lecce avec notre titre préféré, Bonjour. La couleur est très douce ; les textes sont durs et poisseux. Contraste. Puis il y a eu l’album Swuh, plus sombre et incroyablement abouti.

Ni Théo ni Raph ne parvient à définir la couleur musicale de leur groupe. « On est influencés par l’ère du temps, évidemment, on est au courant de ce qui se fait mais on ne cherche pas à suivre une mouvance », raconte Théo. Et de fait, on les a revus quelques mois plus tard à la sélection des Inouis du Printemps de Bourges, au Pan Piper. Cinq groupes de rap au total. Nusky et Vaati ont clairement un truc bien à eux, au-delà du simple feat producteur-MC. Pas mal d’éléments qui cassent les codes classiques du rap : tant dans la musique, les paroles ou le jeu de scène. Pas étonnant pour ce dernier point, le jeune Nusky est acteur à ses heures perdues. « Je me suis retrouvé là-dedans par hasard », rit-il malicieusement en expliquant qu’il correspond parfaitement aux rôles du blanc-bec foncedé. Ah, voilà là un cliché plus classique du rap.

Leur musique s’inspire directement des américains de Young Thug (dans nos playlists #122 et #143),  I Love Makonnen (#140) ou encore Travis Scott (#143). Avec prods sombres et autotune. Puis voilà que Nusky et Vaati vantent les mérites d’étonnants rappeurs de ce côte-ci de l’Atlantique : Jul et Maître Gims. « Il est trop fort », dit Raphael de ce dernier. On a un doute, c’est pas la première fois qu’on nous cite le pilier de Sexion d’Assaut comme référence. Pas franchement du rap selon nous. Pas le courage d’aller écouter ses dernières prods pour comprendre la référence. « Un des meilleurs rappeurs français aujourd’hui », enchaîne Théo. Putain, va vraiment falloir qu’on s’y mette.

On voit de loin ce nouveau rap français, sur fond de trap et d’autotune se mettre en place. Avec PNL bien sûr, mais aussi MHD ou SCH, Rufyo ou encore Aladin 135. Tout un bon crew à suivre.

Plus jeunes, Nusky et Vaati n’écoutaient pas la même musique que les autres. « C’était la honte au collège ; on était des ovnis », se rappelle Raph. Vaati est un grand fan de Michael Jackson, Nusky ne jure que par Bob Dylan. « La première fille dont je suis tombé amoureux ; elle écoutait du rock. J’avais l’impression que c’était une extraterrestre, comme moi », confie-t-il, avant d’ajouter : « C’est une chance d’avoir appris tôt ce qu’il se faisait dans plusieurs genres musicaux. Faut pouvoir tout écouter, tout comprendre ».

Côté textes, l’élément indispensable du rap, les deux musiciens estiment qu’il faut dire la vérité en parlant de ce qu’ils connaissent de la vie et à leur âge : l’amour, les potes, la trahison, la haine, la joie, la tristesse. « J’essaie de ne pas être vulgaire, de garder une certaine tenue », dit Raph. « Ah bon ? » C’est sorti tout seul. « Il faut pas confondre la vulgarité et les mots crus, gratuits », m’explique-t-on, « c’est une question de ton ».

Ce qui est marquant à leur concert, c’est leur public hyper éclectique, avec la présence de darons et de jeunes (très jeunes), de joggings et de chemises fermées jusqu’au cou, de mecs qui hurlent sur les paroles, non vulgaires donc, « J’sens que ça pousse. Viens on va baiser dans ma douche », et de mecs qui hochent la tête, calmement, sourire en coin, clairement impressionnés par la prestance et la présence des deux musiciens sur scène. Puis trois nanas, trois nouvelles fan, nous. Roh les gars, on vous invite à juger par vous-même, le 18 février.

Les 3 ans de TAFMAG le 18 février au Bus Palladium, toutes les infos sur l’événement sur Facebook  !

Nusky et Vaati

Pauline Guillonneau
Photos : Aurore Lucas

 

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