MUSIQUE // Møme, l’electro-chillwave sans accord Major

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Interview

Le 11.10.2016 par Céline Cossez

Jérémy est niçois de naissance. Aujourd’hui il revendique Paris et même le monde comme son lieu de résidence. Au début de son projet, « Møme », ils sont deux. Depuis la migration parisienne : Møme – 1 ⇒ Aloha. Rappelez-vous, ce titre rythmé et entêtant que l’on a entendu et que l’on entend partout depuis 6 mois ? Une révélation pour les maisons de radio. Sauf que l’histoire de ce succès, Jérémy, l’a vécu depuis le bout du monde, sans vraiment y croire.

tafmag-interview-musique-mome-©alexandre-brisa

 

Composition australienne

En 2015, le jeune homme de 25 ans compose cette piste au titre hawaïen et part dans la foulée pour l’Australie. Cette île, c’est un peu la terre fantasmée des jeunes français en mal d’inspiration. Ou de langue étrangère. Jérémy ne déroge pas à la règle ; son but est de composer un album. « Je voulais partir sur les traces des producteurs d’electro-chillwave que j’écoute, qui m’inspirent », avoue-t-il.

Parti pour un an, il devra écourter son séjour à 8 mois, parce qu’en France, Aloha cartonne. Les demandes de concerts affluent et Mercury France lui propose même un contrat. Bon timing puisque le jeune producteur a assez de matière pour rentrer mixer le tout en France. Toutefois, venant d’une génération « DIY » pour laquelle la musique électronique se produit en téléchargeant des applis, l’idée de créer le buzz le fait plutôt flipper. « Ce n’était pas mon but et j’espère que ce qui arrive aujourd’hui n’est pas juste le fait d’un public passager », avoue le jeune homme, « j’espère avoir construit une fanbase depuis le début, qui me suivra sur le long terme. »

 

Label indé vs grande Major

Parmi les soutiens de la première heure, son label, DDM Recording. DDM recording, c’est d’abord le site Dealeur de Musique, caverne aux milles pépites musicales. Les fondateurs se lancent dans la création d’un label et ils signent presque en premier notre jeune artiste qui produit alors le titre Cosmopolitan. Parmi les créateurs de DDM, il y a Thomas et Alex qui épaulent Jérémie sur tous les aspects du projet Møme. « C’est plus qu’une histoire de musique, c’est une histoire de potes », raconte Jérémy, « on se fait confiance ». L’un gère l’aspect graphique et scénique, l’autre pilote le côté commercial, booking, distribution et depuis peu, les relations avec Mercury. Ensemble, ils contribuent au projet artistique de Møme et gèrent ses intérêts.

C’est un bras armé efficace face à un business de la musique sans pitié. Lorsqu’un jeune producteur, chanteur ou compositeur débute, il sort souvent pour la première fois de sa chambre par la sphère Soundcloud. Il a alors de grande chance de « finir en produit commercial façonné par la rentabilité », commente Jérémy. Malgré l’image négative que peuvent renvoyer les majors, elles sont indispensables pour toucher un public large, entrer en relation avec les médias, approcher des canaux de distribution internationaux. « Moi je voulais avoir les moyens de produire des images et du son de bonne qualité », précise Jérémy, « je trouve ça idiot de se passer de l’influence d’un réseau, disons, officiel ».

Pour beaucoup d’artistes, être indie, c’est presque une revendication politique ; l’affirmation d’un choix de vie en désaccord avec la consommation musicale engendrée par les nouvelles technologies. Etre indé, c’est promouvoir une proximité, une qualité de musique en accord avec un public, de plus en plus large, demandeur de production alternative aux matraquages radio et télé. Collaborer avec les Majors reviendrait à pactiser avec le diable, le commercial, le mainstream. Il y a, dans le choix —ou plutôt le non-choix— de Jérémy, la volonté d’être au-dessus des étiquettes : « Faire de la musique avant tout » conclue-t-il.

Panorama, son album composé sur les Terres australiennes, sortira le 25 novembre 2016

 

Céline Cossez
Mome, la page Soundcloud

 

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