Foé[FRA]

  • Musique

Derrière le nom de scène Foé, se cache Nicolas, un tout jeune chanteur toulousain au style très hétéroclite semblant pouvoir passer avec aisance du rap à la musique classique. Ce nom de scène, il l’emprunte à l’auteur de Robinson Crusoé, Daniel Defoe. Ce roman, que sa mère l’a forcé à lire quand il était petit et qu’il a finalement adoré, lui sert depuis de source d’inspiration. On l’a découvert sur un très beau piano voix, « Bouquet de pleurs », certes un peu mélancolique, mais déjà une belle démonstration de sa voix grave.

Interview

Le 18.05.2018 par Juliette Mantelet

CAMÉLÉON MUSICAL

Foé a sorti récemment (le jour où on l’a rencontré pour être exacte), son premier album, « Îl ». Un premier album très hybride, avec des titres penchants vers le rap, d’autres vers la pop et certains franchement classiques. Un joyeux mélange toujours accompagné d’une voix brute et profonde, impressionnante à seulement 21 ans. Cette voix qui fait qu’on le compare un peu partout à Stromaé, Eddy de Pretto ou même Jacques Brel.

Dans ses textes, il parle d’amour et du quotidien. Mais il raconte surtout les histoires des autres, de ceux qui l’entourent. De cette Lise, par exemple, qui a quitté un garçon pour vivre avec une fille. « Alors Lise dis-le moi, que c’était pour une fille, je t’en voudrais pas », déclame le Toulousain. Rencontre avec ce jeune chanteur pour qui tout est allé très vite et qui a déjà accompagné Vianney en tournée, jusqu’à Bercy.

 

POUR COMMENCER,
COMMENT DÉFINIRAIS-TU TON STYLE MUSICAL ?

F. Je pense que j’essaie d’être un maximum authentique. Et après, pour définir mon style plus précisement, je crois qu’il est hybride et mélancolique. Tout simplement.

COMMENT T’ES-TU ORIENTÉ VERS LA MUSIQUE ?

F. Quand j’ai rencontré mon prof de guitare ! C’est lui qui m’a vraiment donné le goût de la musique. C’est le premier professeur qui m’a autorisé à jouer les chansons qui me plaisaient. C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé à écouter des groupes de rock comme ACDC, les Red Hot Chili Peppers, Foster the People. En plus, en fin d’année on faisait des petits spectacles. Et être sur la scène, jouer des chansons devant les parents, ça m’a donné envie de continuer et de faire plus de concerts.

TES TEXTES, IL PARLE DE QUOI ?

F • Dans chacune de mes chansons, j’évoque les histoires d’autres personnes. Ce sont des histoires qui m’ont touché. Parce que moi, à 20 ans, je n’avais pas forcément envie de raconter ma vie et je n’ai surtout pas encore eu assez d’expériences. Je pense que j’ai encore pas mal de choses à vivre. J’essaie donc de ne pas parler de mes propres expériences mais de celles des autres, pour que tout le monde puisse s’identifier. J’écris notamment beaucoup de chansons autour des relations amoureuses, sur l’adultère, la tromperie.

COMMENT ON SE SENT LE JOUR DE LA SORTIE DE SON PREMIER ALBUM ?

F. C’est très bizarre ! (Rires) J’ai l’impression que ça n’est pas moi, que ça arrive à quelqu’un d’autre. J’ai trop hâte d’aller dans une boutique pour aller voir si mon CD est disponible et là, je me rendrai peut-être plus compte de ce qui m’arrive. C’est marrant tout cet engouement et tout ce qu’il se passe, moi je suis super content. J’ai plein d’opportunités donc j’essaie de profiter à fond.

TU AS PEUR DES CRITIQUES ?

F. Les critiques, ça me fait plus rire qu’autre chose. Je me dis que de toute façon s’il n’y a pas de critique, ça veut dire que mon album personne ne l’écoute. Donc je suis content quand il y en a et quand j’ai des compliments aussi, bien sûr (Rire).

AVEC QUEL ARTISTE AIMERAIS-TU FAIRE UN DUO ?

F. J’aimerais beaucoup faire un duo composition / production avec un groupe qui s’appelle Alt-J et aussi un duo artiste voix avec Lana Del Rey. Faire un de ces deux duos, ça serait pour moi un vrai accomplissement.

 

LE SUCCÈS À 21 ANS, ÇA NE TE FAIT PAS PEUR ?

F. Si, je pense que prendre la grosse tête ça me fait un peu peur. Mais je pense aussi que les gens qui m’entourent m’aideront à ne pas en arriver là. Quand je rentre à Toulouse je suis avec mes parents et mon père, par exemple, quand je lui ai dit que je faisais l’AccorHotel Arena il m’a juste dit « ok ». Ils ont un bon recul sur ces choses-là et dès que je commence à m’enflammer ils me font : « Calme toi un peu et va ranger ta chambre » (Rires).

ON TE COMPARE PARTOUT À STROMAÉ OU EDDY DE PRETTO,
ÇA TE FAIT QUOI DE LIRE ÇA ?

F. Franchement c’est un peu bizarre, les gens ont toujours ce besoin de comparer avec d’autres artistes. Même Eddy de Pretto quand il est arrivé sur la scène musicale on l’a comparé à Stromaé et maintenant, c’est lui qu’on prend comme référence, c’est marrant. Moi ça ne me dérange pas, parce que je trouve que les deux écrivent très bien et on me compare même des fois à Brel ou à Gainsbourg, c’est super flatteur.

 

JUSTEMENT, BREL OU GAINSBOURG ÉCRIVAIENT DES TEXTES ASSEZ ENGAGÉS, ÇA TE PARLE TOI ?

F • Oui, je trouve ça vraiment intéressant d’aborder des phénomènes de société. Aujourd’hui, on pourrait parler de l’homosexualité, des réseaux sociaux. Je pense que des textes engagés sur ces thèmes je pourrais très bien en écrire, mais moins sur le côté vraiment politique. En tant qu’artiste, je ne pense pas être là pour donner mon avis sur les choses, mais plutôt pour permettre aux gens de prendre du plaisir et de pouvoir penser à autre chose. Rendre la vie plus légère, tout en étant engagé dans mon époque.

PARLE-NOUS UN PEU DE TOULOUSE,
TA VILLE D’ORIGINE.

F. Toulouse c’est chez moi, c’est l’endroit où je suis bien pour composer. J’ai un côté un peu chauvin. Toulouse c’est le sud, il y a la Garonne, Saint-Pierre, le canal du Midi. Ce sont des lieux emblématiques que j’aime bien défendre. Aujourd’hui, la plus grosse scène artistique c’est Paris et j’aime bien contrer ça et défendre une nouvelle scène émergente venant de Toulouse justement.

C’EST QUOI L’AMBIANCE DE TON ALBUM « ÎL » ?

F. Il y a plein d’ambiances et de styles différents sur ce premier album, parce que j’avais envie que chacun puisse se retrouver dedans. Je ne veux pas que les gens aiment toutes mes chansons mais que chacun trouve au moins un titre qui lui plaise. Il y a un titre comme « Le mâle a dit », par exemple, qui est plus dansant, ou « Edgar » qui est plus orchestral et aussi des titres comme « La Machine » et « Bouquet de pleurs » qui sont très classiques. Si les gens se retrouvent au moins dans une chanson, mon pari aura été réussi.

 

 

Photographie © Louis Canadas

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