Aloha Orchestra[FRA]

  • Musique

Cinq garçons dans le vent ? Oui mais pas seulement. Le groupe Havrais Aloha Orchestra prône avant tout le plaisir de jouer collectivement et un amour inconsidéré pour la musique et sa dimension instrumentale. Rencontre.

Interview

Le 16.02.2018 par Aphélandra Siassia

LE COLLECTIF AVANT TOUT

L’univers du groupe, mélange d’une pop colorée, de sonorités électroniques tout en accordant une large place au chant, fait le pont entre les influences de chacun des membres, musiciens avertis au lourd « background » musical.

A l’origine, ces cinq bêtes de scène se sont réunis autour de JB, le chanteur de la formation à l’initiative du projet. Au fil des projets et des séances de répétions, l’identité d’Aloha Orchestra s’est forgée en prenant la scène comme terrain d’expérimentation et d’affirmation collective.

À l’occasion de la sortie de leur single « Alright », le club des 5 ( ou plutôt des 3) s’est prêté au jeu du question / réponse sans aucune difficulté, évidemment. Le clip du titre, réalisé par O.S.A.K.A.H sort justement aujourd’hui, entre paysages scandinaves et relation amoureuse !

 

 

ON VA COMMENCER PAR LES PRÉSENTATIONS. JE ME SUIS DEMANDÉE D’OÙ VENEZ VOTRE NOM ? UNE RÉFÉRENCE À LA CULTURE HAWAIENNE ?

JB – Pas du tout désolé ! Cétait juste pour le côté un peu positif du mot, sa signification et orchestra, on est cinq donc c’est pour la dimension collective. L’orchestre de l’accueil, l’orchestre de l’amour, que du bon.

DÉCRIVEZ VOTRE UNIVERS EN QUELQUES MOTS…

Ga – On fait des chansons et c’est de la pop…

Gui – Mais on est quand même dans l’émotion. Il y a quelques chansons mélancoliques dans l’album…

JB – On se dit électro aussi pour le côté dansant, qui bouge. On essaye vraiment de conserver ça…

Gui – Et on essaye sur scène de faire un maximum de choses manuelles et pas du DJing.

 

VOUS N’AVEZ DONC PAS ENVIE DE TOMBER DANS DE LA MUSIQUE DE CLUB CAR VOUS ÊTES AVANT TOUT DES MUSICIENS.

Gui – Il y a des groupes comme LCD Soundsystem qui sont pas mal dans ce filon, mais nous ça ne nous attire pas. On m’a dit dernièrement qu’on était un groupe de rock. C’est le côté manuel, les instruments, alors qu’on ne se perçoit pas forcément comme ça.

 

VOUS CROYEZ QUE ÇA VIENT AUSSI DE L’ATTITUDE, DE LA GESTUELLE ?

Gui – En concert, on essaye d’apporter une dynamique, de s’impliquer physiquement. En général, on sent qu’on a de la chance de jouer et du coup on essaye d’en profiter un maximum. On aime le studio mais on apprécie encore plus le live.

« ON A VRAIMENT ENVIE QUE LA MUSIQUE ET LE CHANT SOIENT AU MÊME NIVEAU »

 

COMMENT VOUS VOUS ÊTES RENCONTRÉS ?

JB – J’avais des maquettes que je voulais défendre sur scène mais avec un vrai groupe avec moi. On est accompagnés par le Tetris, une salle du Havre et j’ai fait cette démarche d’aller demander si il n’y avait pas des musiciens avec qui je pourrais bosser. J’ai rencontré Guillaume, puis il y a eu Gaetan et puis le bouche à oreille a bien fonctionné. Et tout le monde a commencé à composer pour le groupe.

Gui : C’est ce que l’on a demandé à JB, on ne voulait pas être un backing band…

JB – Vu que c’était le souhait de tout le monde, on s’est vite mis au boulot et il y avait un live à ce moment-là.

Gui : On voulait apprendre à se connaître en répétition. C’est peut-être pour ça. La genèse du groupe a commencé en jouant ensemble dans 15 m2. Ça crée des liens !

 

ÇA A ÉTÉ COMPLIQUÉ DE VOUS APPRIVOISER, DE TROUVER UNE ESTHÉTIQUE QUI VOUS EST PROPRE EN TANT QUE GROUPE ?

JB : Il fallait que tout le monde trouve sa place…

Ga : Mais humainement ça a collé hyper vite. Après en studio on cherche toujours à trouver de nouveaux univers, de nouvelles lignes.

Gui : On venait tous d’horizons différents et il fallait que l’on voit jusqu’à où notre couverture pouvait tirer artistiquement.

Ga : C’est peut-être ça l’intérêt de ce groupe, on vient tellement d’horizons différents. Je pense qu’on s’est tous un peu nourris de cette diversité.

Gui – Ce groupe est le résultat de toutes nos influences. Au début, on ne jouait que les compos de JB pour se connaître et puis on a commencé à composer et à piocher dans les univers de chacun.

 

AVIEZ-VOUS TOUS UN GROS BAGAGE MUSICAL ?

Ga – Certains faisaient de la pop en français, d’autres plus du post-rock, l’un venait de la musique électronique… C’était hyper varié et en même temps chacun à toucher à plein de trucs. Réunis, ça fait un beau panel musical.

 

 

 

COMMENT CE SONT CONSTRUITS LES DEUX PREMIERS EP ET L’ALBUM EN COURS ?

Ga – Les deux premiers eps ont été auto-produits.

Gui – Puis le Tetris nous a financé. Mais pour tout ce qui est artistique, on a tout fait tout seul.

Ga – Ces deux eps nous ont permis d’aller à la rencontre du public, des pros et de rentrer en contact avec Hercules, notre label avec qui on a monté notre premier album. On s’est entourés de deux réalisateurs aussi, on en avait besoin sur ce projet.

 

AVIEZ-VOUS L’IMPRESSION DE NE PAS ÊTRE ASSEZ PRO ?

Gui – Vas-y JB, on a vraiment envie d’entendre ce que tu penses (rires).

JB – Sur cet album on a travaillé différemment, on est arrivé en studio avec plein de maquettes, choses que l’on ne faisait pas jusqu’à présent. C’était cool de travailler avec deux gars en plus trancher.

Gui – Oui sur les autres projets, on pouvait avoir du mal à trancher, il y avait des guerres de chapelles, les égos de chacun et à certains moments des résultats moins bons que ce qu’on voulait.

JB – On a un fonctionnement très démocratique. Personne ne prend le dessus.

Gui – C’est très bien mais ça peut-être un souci dans ce type de circonstance. Ça a été beaucoup plus simple avec des personnes extérieures.

 

ON VA REVENIR SUR VOTRE UNIVERS. IL Y A QUELQUE CHOSE QUI M’A FAIT PENSÉ À HOT CHIPDANS LE CÔTÉ ÉLECTRO ET À GRIZZLY BEAR POUR L’ASPECT VOCAL. CE SONT DES RÉFÉRENCES QUI VOUS PARLENT ?

Ga – Parfait (rires). C’est tout à fait ça. Hot Chip c’est l’un des groupes qui nous a un peu réuni au début. Ils sont bons en live, ils emmènent un côté électro et en même temps ils font de vrais chansons.

Gui – C’est un groupe qui a le souci de travailler avec de bons matériaux et nous on aime ça. On a tous le goût des machines, on est tous des geeks et on est d’accord pour le dire (rires) . On pourrait parler pendant des heures de synthé, de guitare, de batterie, ça nous excite à mort tout ça. On est des enfants avec des jouets (rires).

 

 

VOUS AVEZ FAIT PAS MAL DE LIVE CES DERNIERS MOIS NOTAMMENT EN PREMIÈRE PARTIE DE JULIEN DORÉ. COMMENT S’EST FAIT CETTE RENCONTRE ?

JB – Mathieu avait un groupe avec deux de ses musiciens du coup le disque a tourné. À la base, il nous a proposé une date sur la tournée LOVE et après en a découlé une quinzaine et ça s’est hyper bien passé, humainement et avec le public ça a bien matché. Cette année on a remis le couvert et voilà, c’est cool qu’il nous ait fait confiance.

 

C’EST UN ARTISTE AVEC QUI VOUS VOUS VERRIEZ FAIRE UNE COLLABORATION ?

JB – Pourquoi pas …

Ga – Le problème c’est qu’on chante en anglais lui en français. Je trouve que ça crée une espèce de dissymétrie mais on reste ouverts à tout.

JB – On s’est déjà posé la question…

Gui – C’est un chanteur reconnu en France du coup je trouve que c’est toujours un peu difficile. Après on ne lui a jamais proposé. Ça serait très cool en tout cas.

 

VOUS CHANTEZ EN ANGLAIS ET VOS INFLUENCES SONT ANGLOPHONES. POUR AUTANT EST-CE QUE VOUS VOUS RECONNAISSEZ CHEZ CERTAINS ARTISTES FRANCOPHONES ?

JB – C’est une question qui s’est posée sur le français mais tout ce qui ressortait était en anglais et on a pas forcé le truc. Du moins c’est l’impression que j’en avais…

Gui – Nous on se fie surtout à JB. On lui avait évoqué l’idée mais il ne se sentait pas de le faire. On verra pour la suite. C’est encore une question de période et d’époque mais oui sur la scène actuelle française il y a des choses chouettes.

JB – Voyou par exemple…

Gui – Après en rap français il y en a plein de choses que ça soit LOMEPAL ou même Orelsan.

 

« LES RAPPEURS SONT DEVENUS DES POP STARS »

 

 

 

J’AI COMME L’IMPRESSION QU’IL Y A DEUX ÉCOLES AUJOURD’HUI ET C’EST ASSEZ INTÉRESSANT DE VOIR CETTE EVOLUTION. LE FRANÇAIS N’AVAIT PAS DU TOUT LA COTE AVANT. IL Y A UN RENVERSEMENT DE LA TENDANCE.

Ga – Je trouve ça bien, ça redore un peu le blason du français parce qu’à un moment c’était très compliqué. Dès que l’on faisait un truc, on nous ramenait à Noir Désir et Alain Bashung qui maitrisent pleinement la langue. Je crois qu’aujourd’hui on déculpabilise.

Gui – Pour moi c’est l’effet post Stromae. Le fait de pouvoir dire des choses légères, on s’est décomplexé. Même le rap français a beaucoup changé. On ne rentre plus dans ces clichés : « si tu écoutes du rap c’est parce que tu vis en Banlieue ». Ça n’a aucun sens et vu que les rappeurs sont devenus des pop stars. Il n’y a plus vraiment d’étiquette, ce n’est plus ce qui importe.

Ga – On ne s’est pas posé la question, le naturel est revenu au galop et pour nous c’était l’anglais. Après on verra plus tard on est fermés à rien.

 

AVEZ-VOUS UNE AMBITION INTERNATIONALE ?

Ga – Oui (rires) il y a des fantasmes. On va pas se mentir si on nous propose d’aller jouer en Angleterre, en Chine ou au Japon…

Gui – Au Maroc, en Tunisie, en Afrique du Sud même en Belgique ( rires).

Gui – Mais on se rend bien compte que le français s’exporte beaucoup plus aujourd’hui. Le problème de l’anglais c’est que tu es face au reste du monde en terme de programmation. Quand tu passes à la radio tu es face à Ed Sheraan donc forcément on se tire une balle dans le pied mais bon c’est comme ça. (rires)

 

 

ON VA REVENIR SUR VOTRE ALBUM A VENIR ET VOTRE DERNIER TITRE « SOME WALLS ». QU’AVIEZ-VOUS ENVIE DE METTRE EN AVANT DANS CE PROJET ?

JB – Cet album montre que l’on ne fait pas seulement une pop un peu solaire, comme on a pu le dire auparavant. De cet album ressort un côté plus grave, plus contrasté. On montre une image de nous plus dépressive avec cet album là ( rires).

Gui – Il fallait que l’on avance rapidement alors on a tous composé et il y a eu des choix de titres. Tout le monde est un peu visible sur cet album. JB a tendance à faire des musiques qui peuvent paraître plus happy que moi par exemple. Pour cet album ce sont cinq mecs qui ont composé.

 

 

LES MOTS DE LA FIN

Merci de nous avoir accueillis, longue vie à TAFMAG ! Merci de nous avoir laissé nous exprimer.

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