Mawimbi

  • Musique

Interview

Le 03.09.2015 par Pauline

[Cet article a été ré-actualisé]

Solidays 2014 : notre première rencontre, leur premier festival. « On a eu du mal à réaliser, avoue Lucas. On a compris en voyant nos badges avec écrit « artistes » dessus ». Et Clément d’ajouter, « pour l’instant on est des minots, par rapport à tous les artistes ici. » En effet, Alex raconte qu’au village des artistes, il n’y avait personne pour leur indiquer où aller. Ils sont passés devant la loge de Franz Ferdinand qui regroupait plus de managers que de musiciens. « Nous, on était cinq mecs à marcher depuis le métro », rit Clément. Mais eux ont créé leur collectif Mawimbi. Ça fait deux ans maintenant.

Lucas, Alex, Adrien, Clément et Bertrand forment ensemble ce collectif d’expérimentation musicale, pourrait-on presque dire. Ils ont chacun leurs influences et des sensibilités musicales différentes mais tous ont la même conception de l’Histoire de la musique. Notez le H majuscule.

Les membres de Mawimbi sont de gros « diggers » ; ils ne cessent de fouiller dans la musique, qu’importe le style. En remixant les sons qu’ils découvrent, les membres de Mawimbi tâchent de proposer un nouveau fil conducteur entre chaque style musical. Pour eux, l’Afrique est le berceau de la musique : hip-hop, drum and bass, ghetto house, cumbia… Tout est originaire du continent africain. Aucun des cinq n’y a pourtant jamais mis les pieds.

« On est une génération qui a grandi avec des jeunes issus de l’immigration africaine. On a vécu dans des grandes villes comme Paris, où les communautés africaines sont très présentes. On est exposés d’une manière ou d’une autre à cette culture. Non, cette culture, c’est réducteur. À ces cultures », rectifie Adrien.

Ils sont heureux de vivre dans une ère où le partage se fait, surtout chez les jeunes artistes. Ensemble, ils font une liste non-exhaustive des webzines, soirées, labels, collectifs et autres entités qui permettent la promotion des jeunes projets : Cracki Records, Antinote, Sound Pellegrino, la Concrete, Le Mellotron, Phonograph ou encore Rinse.fr. C’est très français, selon eux de s’intéresser aux nouveautés et en particulier à celles de l’étranger.

Alex explique qu’ils se sont lancés dans Mawimbi après avoir découvert l’EP de Romare, Meditations On Afrocentrism, où le musicien britannique crée des samples africanisants. Clément précise qu’il s’agit plus d’un déclic après avoir écouté l’EP. « Mawimbi ce n’est pas seulement l’idée que la musique africaine et la musique électronique vont bien ensemble, explique Adrien. C’est plus une vision globale de la musique. Se dire que tout est solidaire, qu’on peut enchaîner un track de ghetto house avec un track de kuduro angolais. Il y a une cohérence, ça sonne bien. »

Il n’y a pas de doute, les mecs sont calés niveau histoire de la musique mais ils ne se revendiquent en aucun cas musicologues. C’est presque comme si c’était naturel pour les cinq zicos de parler de rythmes et de filiations musicales. Eux parlent de sensibilité, même pas de connaissances.

Selon Mawimbi, l’histoire de la France avec l’Afrique est bien évidemment liée à son passé colonial, mais surtout à son histoire culturelle. Il y a une tradition musicale entre les deux pays que l’on ne peut pas nier. Adrien précise : « On est cinq petits blancs, on est dans une démarche musicale, pas politique. » Il oppose leur démarche à celle des musiciens d’origine africaine qui puisent dans leurs racines pour renouer avec leur histoire : « Nous, on est juste des porte-paroles, on veut simplement montrer les filiations qui existent entre les musiques. »

L’héritage musical du continent africain est tellement large et tellement riche qu’il ne faut jamais cesser de le révéler et de le perpétuer. Voilà en somme le souhait du collectif. « Clément et Bertrand, avec leur duo Pouvoir Magique faisaient déjà de la musique d’ici et d’ailleurs, enfin, plus d’ailleurs, d’ailleurs », s’exclame Lucas. Ce n’est pas forcément de la musique africaine mais un pot pourri d’influences.

Ils veulent aller plus loin, faire une compilation avec des artistes qu’ils aiment puis faire un label pour continuer la promotion de ces nouveautés. « Ça, c’est le son Mawimbi », souhaiteraient-ils entendre, dans l’idée de regrouper sous la même ombrelle des artistes qu’ils suivent de loin.

Et le nom Mawimbi ? « Ça veut dire ondes, en swahili, une langue parlée en Afrique de l’ouest [dans la région des grands lacs, notamment en Tanzanie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Mozambique et République Démocratique du Congo, ndlr.], explique Alexandre. Il n’y a pas de frontières, comme dans notre musique. Ça nous correspondait bien », conclut-il.

Retrouvez les bonnes ondes de Mawimbi ce vendredi 4 septembre pour la soirée lîle de la Jungle au Chalet des îles. On y sera aussi avec notre première collection de T-shirts et sweat-shirts. À retrouver dès maintenant sur notre boutique en ligne !

Et d’ici là, Mawimbi est sur Soundcloud et la Facebook.

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