Brecht Evens[BEL]

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Interview

Le 28.01.2015 par Julie Maury

Le nouveau surdoué de la BD découvert à Angoulême en 2011 a sorti à 29 ans son 3e album : Panthère. Exposition à la galerie Martel à Paris jusqu’au 31 janvier 2015.

Brecht Evens panthere tafmag

Charming Panther

Panthère est un huis clos se déroulant dans la chambre de Christine, une petite fille qui vit seule avec son père. La mère a récemment claqué la porte et le chat Patchouli vient de mourir. Le prince Panthère apparaît alors pour réconforter la fillette. Charmeur et beau parleur, il s’avère aussi manipulateur. L’ensemble en devient parfois dérangeant pour le lecteur.

Si Panthère a été réalisé avec le même coup de pinceau que les deux premiers albums (Les Noceurs et Les Amateurs), c’est pourtant toujours avec surprise que l’on redécouvre le style de Brecht Evens : figuratif et abstrait. Ses planches ultra colorées sont toutes très riches, l’œil du lecteur se perd facilement. Effet voulu par l’artiste : « Je ne fais aucun brouillon, je peins directement. L’aquarelle permet de jouer avec les perspectives, de juxtaposer des couleurs, des personnages, des objets, des univers. » Notre œil ne peut balayer d’une seule traite et du premier coup une planche de Brecht Evens. Les Noceurs, son premier album qui raconte les dérives nocturnes d’une bande de jeunes pas encore trentenaires, a été récompensé par le Prix de l’audace 2011 à Angoulême. Ne comportant ni bulle, ni case, ni trait de contour, les critiques parlent d’un coup de tonnerre, d’un pavé dans la mare de la bande-dessinée.

gueule de bois

Même accueil chaleureux pour Les Amateurs, sorti un an plus tard. Ici, on suit les aventures d’un artiste, invité d’honneur à une biennale d’art contemporain organisée dans la campagne profonde flamande. Il tombe sur une bande de peintres empotés mais attachants à qui il lance le défi de construire un nain de jardin géant en papier mâché.

Brecht Evens est un homme de son temps. Son écriture est simple. « Pour mes dialogues, ce sont les conversations un peu ratées que j’entends qui m’inspirent. Les conversations qui se passent bien sont plus difficiles à retranscrire. » Ses histoires sont réalistes et hyper humaines. L’aspect fantomatique de ses dessins en est d’autant plus impressionnant.

Brecht Evens aura mis deux ans à réaliser Panthère. En gueule de bois, fumant cigarettes sur cigarettes avant une séance de dédicaces à la galerie Martel, il révèle que le personnage du prince est tiré d’un jeu avec une ancienne petite amie. La nuit pour lui faire peur, Brecht s’improvisait italien dragueur, allemand très suave… ou prince Panthère. Ambigu et séducteur. Entre temps, il a traversé une période tourmentée qui l’a amené à quitter Gand pour s’installer à Paris. « Dans une grande ville, on peut facilement disparaître. »

Brecht evens panthere tafmag2Brecht evens panthere martel tafmagles amateurs brecht evens tafmagbrecht evens les noceurs tafmag 1Photographie © Aurore Lucas

 

 

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